Jenifer
au Népal
Tout en continuant
à apporter son soutien à tous ceux qui le demandent
en Fance, elle a accepté de
devenir la marraine
d'une association qui vient en aide aux enfants
népalais. Une vraie leçon d'humilité.
Jenifer "Aidez-nous
à leur redonner espoir !"
Depuis son retour, elle
ne parle plus que de ça : le Népal, " le
pays du sourire ", niché entre l'Inde et
la Chine, ce pays lointain où souffrent
en silence de trop nombreux enfants. Un pays
au bord de la guerre civile au moment de son
voyage, mais dont elle n'a pas eu à subir les
foudres. Et puis la capitale, de Katmandou,
la ville de tous les possibles, où l'association
Chantal-Mauduit (...), via une ecole, tente
de redonner espoir à tous ces mômes. L'espoir
de survivre dans une société qui les a malmenés
depuis leur plus tendre enfance. Sans parents
pour certains, sans amour pour d'autres. Et
puis il y a ces images qui hantent sans cesse
l'esprit de la chanteuse et qu'elle ne peut
chasser : ces adieux dechirants, ces larmes
versées dans un pays qui n'a pas l'habitude
de pleurer... Trois jours après son retour en
France, Jenifer est touchée en plein coeur.
Sitôt notre interview terminée, elle quittera
son appartement parisien pour le siège de l'association
dont elle est devenue la marraine et apportera
les premiers chèques qu'elle a elle même collectés
auprès de ses amis, de sa famille. Jenifer s'engage
pour ces enfants. Pour son fils egalement. Un
bouleversant témoignage.
Télé-Loisirs : Comment
ça va, Jenifer ?
Jenifer : ça
va, ça va... Je suis contente de retrouver ma
famille, mon petit bonhomme, mais je dois dire
que j'ai eu un gros pincement au coeur d'avoir
quitté tous ces enfants. Je me suis vraiment
attachée à eux. (Silence.) D'ailleurs, je repars
au Nepal le mois prochain, sans photographe.
Juste avec le president de l'association Chantal-Mauduit.
Je l'ai promis aux enfants !
Télé-Loisirs : Parle-nous
de ces enfants, justement. Comment as tu etabli
le contact avec eux ?
Jenifer : Comme
je ne parle pas très bien l'anglais et pas du
tout le népalais, j'ai improvisé. La musique
m'a aidée. J'ai chanté en français, en anglais
et même en corse. ça leur a beaucoup plu. Au-delà
de ça, la communication passait par le regard.
Là-bas, ils n'ont pas l'habitude des gestes
affectueux. Les enfants etaient surpris que
je les embrasse, que je les prenne dans mes
bras.
Télé-Loisirs : Qui
sont ces enfants ? D'où viennent-ils ?
Jenifer : Des
quartiers de Katmandou pour la plupart d'entre
eux. Ils sont soit abandonnés par leurs parents,
soit orphelins. Certains
ont subi des maltraitances, d'autres vivaient
dans un tel état de pauvreté que les parents
ont dû s'en separer. On ne connait pas precisement
leur âge. Je peux simplement dire qu'ils ont
entre 4 ans et 16 ans. Aujourd'hui, l'association
abrite 96 enfants. Mais il n'y a que trois chambres
et un bout de couloir. Ils dorment tous dans
des lits superposés, entassés. Il est urgent
de nous aider !
Télé-Loisirs : Peux
tu nous parler de Rita, une enfant pour laquelle
tu as une affection particulière, je crois...
Jenifer (sa
voix se brise) :
Je les aime tous, mais c'est vrai que Rita m'a
touchée. Elle doit avoir 15 ans. Quand je suis
arrivée, elle etait très en retrait, très gênée
par notre presence. Petit à petit, j'ai essayé
de l'apprivoiser. J'ai reussi à la faire sourire,
à jouer avec elle. Petit à petit, je suis devenue
son amie. En partant, elle etait si... si...
C'etait dur. Pour elle comme pour moi. J'ai
craqué !
Télé-Loisirs : Le
fait que tu sois une jeune maman te rend plus
vulnerable, plus sensible...
Jenifer : Oui.
Je me dis que mon petit bonhomme a de la chance.
Plus tard, quand il sera en age de comprendre,
je lui raconterai tout ça. Sans rien omettre.
Sans rien embellir. Je veux qu'il sache que
dans cette vie, tout le monde n'a pas sa chance.
Pour l'heure, je lui montre des photos, mais
je ne suis pas sure qu'il comprenne tout. J'espère
simplement qu'il sera fier de moi plus tard
! Ces voyage est une leçon de vie incroyable.
ça te permet de relativiser tous les petits
soucis quotidiens. (Silence.)
Télé-Loisirs : Raconte-nous
ces dix jours sur place...
Jenifer : Dix
jours bien remplis. A l'origine, on m'a proposé
d'y rester deux jours pour des photos. J'ai
refusé ! Je souhaitais découvrir ces enfants,
je voulais savoir dans quoi je m'investissais.
Je ne fais pas ça pour me faire "mousser"
ou juste pour lever des fonds... Donc, nous
sommes partis dix jours. J'ai appris plein de
jeux avec eux et j'ai participé aux tâches ménagères,
fait la vaisselle, aidé en cuisine... Pour moi,
c'etait la moindre des choses. Les enfants,
eux, etaient morts de rire. C'est rare qu'une
Européenne fasse ça avec eux. Ils ont vu que
je n'etais pas une potiche !
Télé-Loisirs : Et
puis, au bout de ces dix jours exceptionnels,
il a fallu te résoudre à partir. Des adieux
déchirants, parait-il...
Jenifer : C'etait
poignant. Ces enfants me regardaient dans les
yeux et me disaient que je leur manquais déjà,
qu'il fallait que je revienne vite. ça m'a...
retournée ! Ces enfants m'ont offert un
magnifique cadeau. Le sentiment d'être utile.
Télé-Loisirs : Quel
message souhaites-tu faire passer aux lecteurs
de Télé-Loisirs ?
Jenifer : On
a besoin de 400 000 euros environ, pour acheter
une nouvelle ecole, accueillir dans de bonnes
conditions plus d'enfants et leur permettre
de dormir sans être entassés les uns sur les
autres. Donnez, même un euro. Un euro, c'est
tellement rien, tellement rien et tellement
beaucoup pour eux !
Télé-Loisirs : T'engager
semble être devenu un vrai besoin chez toi...
Jenifer : J'ai
toujours eu besoin de m'engager. Certains se
demanderont peut être pourquoi je suis allée
là-bas, si loin, m'investir dans cette cause.
Je m'y attends. D'une part, la cause des enfants
me touche d'avantage en tant que maman, et puis,
je tiens à préciser que je m'engage aussi auprès
d'associations en France, même si je n'en suis
pas la marraine. Je n'en parle pas forcément,
mais je rends service à ma manière. Ce serait
donc déplacé de me faire ce reproche !
Propos recueillis
par Gaëlle Placek
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